Ces mots étonnants ne sont pas les miens, mais ceux de l'économiste Yanis Varoufakis. Dans son dernier livre, il présente une théorie audacieuse : le technoféodalisme. Selon lui, nous avons déjà basculé dans une ère post-capitaliste qui pourrait être encore pire que le capitalisme lui-même.
Yanis Varoufakis : Un parcours de résistance
Yanis Varoufakis, homme politique grec, a fait parler de lui en 2015 en résistant à la Commission européenne, à la Banque centrale européenne et au Fonds monétaire international. Lors de ces moments politiques tendus, il n’a jamais hésité à confronter les autorités, devenant ainsi une figure détestée par certains responsables de l'Union européenne. En guerre contre l'austérité pendant cinq mois, il a tenté d'imposer un plan de restructuration de la dette à l'Europe, tout en défendant les résultats des urnes grecques. Son mandat de ministre des Finances n'a duré que 162 jours, mais son empreinte sur la politique européenne est indélébile.
La mort du capitalisme
Dans son livre, Varoufakis soutient que le capitalisme, tel que nous le connaissions, est mort. Il a été tué par le capital lui-même, qui a évolué vers un système que l'économiste qualifie de technoféodaliste. Pour lui, la dynamique du capitalisme ne gouverne plus l'économie. Mais qu'est-ce que le technoféodalisme ? Varoufakis explique qu'il s'agit d'un système où les propriétaires des grandes technologies, tels que Google, Facebook et Amazon, sont devenus les seigneurs féodaux du monde, défiant la démocratie et réécrivant les règles du pouvoir mondial.
Qu'est-ce que le capital ?
Pour comprendre son propos, il est crucial de définir le capital et le capitalisme. Varoufakis explique que le capitalisme est un système où la propriété des moyens de production est devenue la source du pouvoir. Dans le passé, être propriétaire terrien conférait ce pouvoir. Aujourd'hui, ce sont les propriétaires des machines et des technologies qui dominent.
La mutation du capital
Varoufakis observe une mutation lente et insidieuse du capital au cours des 15 dernières années. Au départ, Internet était un espace libre, sans capital impliqué. Cependant, avec sa privatisation, les grandes entreprises ont commencé à prendre le contrôle. Les États n'ont pas fourni d'identité numérique solide aux utilisateurs, laissant des entreprises privées comme Google et Facebook établir leur propre vérification d'identité, ce qui a permis la privatisation d'Internet.
La crise financière de 2008 a également joué un rôle clé. En imprimant des trillions de dollars pour sauver les banques, les gouvernements ont alimenté la création de ce que Varoufakis appelle le « capital cloud ». Ce processus a renforcé le pouvoir des géants technologiques, conduisant à une forme de capitalisme qui ne cherche plus à répondre aux besoins des citoyens, mais à exploiter leurs désirs et leurs peurs.
Marchandisation des désirs
Un exemple marquant est celui de la publicité dans les années 60, illustré dans la série Mad Men. Le personnage de Don Draper évoque la façon dont la consommation est devenue une quête d'émotions et de souvenirs. Les produits ne sont plus simplement achetés pour leur utilité, mais pour la nostalgie qu'ils évoquent. Varoufakis souligne que le capitalisme a évolué pour devenir un système qui non seulement répond à des désirs, mais qui les crée et les manipule.
Conclusion
Yanis Varoufakis nous invite à réfléchir à l'avenir de notre économie. Si le capitalisme est effectivement mort, que nous réserve le technoféodalisme ? La résistance à cette évolution doit passer par la reprise du pouvoir sur nos économies et la réinvention d'un système qui valorise le bien commun plutôt que les profits privés. La question qui se pose désormais est : que faire pour éviter de sombrer encore plus dans ce système, où notre identité et nos désirs sont en jeu ?
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